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Archives de Catégorie: Séances 2015-2016

Comprendre et expliquer le ‘Comment’ et le ‘Pourquoi’ peuvent-ils constituer une excuse ?

Pause-philo de Viroflay : séance du samedi 28 Mai 2016 (report séance du 07/05/2016).

Thèmes proposés

. Face au désastre écologique et au terrorisme religieux, faut-il se retirer à l’écart et faire son bonheur personnel, ou doit-on continuer à lutter pour améliorer le monde ? Que transmettre ? => (2 voix)

. En démocratie, l’action syndicale est-elle moins légitime que l’action gouvernementale ? => (3 voix)

. Doit-on tout excuser, ou comprendre et accepter de la part de l’autre ? => (4 voix)

. Qu’est-ce qu’être seul dans la société d’aujourd’hui ? => (3 voix)

Thème retenu : Comprendre et expliquer le ‘Comment’ et le ‘Pourquoi’ peuvent-ils constituer une excuse  ?

Problématisation :

. L’explication entraine-t-elle automatiquement l’acceptation des actes de l’autre ? ex. elle me frappe, parce qu’elle a été frappée par sa mère quand elle était enfant.

. Il y a deux types d’explication : celle donnée par le responsable des actes ; et celle donnée par un observateur extérieur.

. La sanction appliquée depuis des siècles de pendre ou tuer des gens, a-t-elle amélioré le monde ou les personnes ?

. Faut-il expliquer tous les actes des individus ? Qu’est-ce qu’expliquer ? La raison humaine le peut-elle ?

. En permettant à l’autre de s’expliquer après un acte grave, on lui permet de redevenir humain par la parole.

. Nous utilisons la raison humaine pour chercher des explications. Mais :

  1. Y a-t-il toujours une explication rationnelle à nos comportements ? Le comportement humain est-il toujours rationnel ? Un sentiment est-il toujours explicable par la raison ?
  2. L’explication doit-elle toujours entraîner l’acceptation ? La société doit-elle accepter les phénomènes qu’elle souhaite s’expliquer ? (ex. opposition de M.Valls aux sociologues qui expliquent l’origine du basculement des jeunes dans le djihadisme).

  3. Jusqu’où peut-on « com-prendre », c’ à d. « prendre avec », porter avec l’autre son acte, son fardeau ?

  4. Jusqu’où peut-on se mettre à la place de l’autre ? Est-il possible d’évaluer la responsabilité et la culpabilité de l’autre ? Son mental est-il complètement pénétrable de l’extérieur ? Dans le cas de la folie par exemple, on ne parvient pas à se mettre totalement à la place de l’autre.

Exemple : Un jeune « tire la mauvaise carte » dès le début de sa vie. Il ne rencontre ensuite personne qui l’aide, mais uniquement des gens qui l’excluent => intérieurement, il vit des sentiments très durs de révolte, de violence et de haine vis-à-vis de la société.

Dans un tel cas, on peut pointer une responsabilité individuelle du jeune de faire face aux conditions de vie dans lesquelles il est né et a grandi ; MAIS AUSSI ; une responsabilité de la société qui n’a pas su l’aider.

1ère Exemple : 100 ans de guerres dans les pays arabes.

  1. Au moment de la colonisation française, une résistance arabe s’organise pour lutter contre ces « envahisseurs ». Elle prend deux formes distinctes : une forme religieuse avec les ‘Frères Musulmans’ (fondés en 1928) ; ET une forme laïque avec le ‘Nationalisme Arabe’ inspiré du marxisme et soutenu par l’URSS. Le nationalisme arabe s’est effondré peu après la chute du ‘mur de Berlin’ ; et seule subsiste aujourd’hui la voie des ‘Frères Musulmans’.

  2. Pendant la colonisation française, les algériens n’avaient même pas le droit de vote.

  3. La France n’a jamais fait l’effort d’intégrer les jeunes issus de l’immigration, alors qu’elle a exploité leurs parents. Ces jeunes nés sur le territoire français sont pourtant français.

  4. Où est la responsabilité ? Du côté de la colonisation française, du néo colonialisme et de la main mise des grands groupes financiers sur les matières premières des pays colonisés et placé sous la tutelle de dictateurs, fabriqués par les occidentaux ? Ou bien vient-elle des pays qui on fait le choix du djihad, pour lutter contre l’impérialisem occidentale ?

  5. Où est la responsabilité entre la société française et ces jeunes issus de l’immigration, dont on dit qu’ils sont une génération sacrifiée, sans avenir, lorsque parmi eux certains font le choix de l’Etat islamique et se retournent contre le pays où ils sont nés.

Responsabilité Individuelle et Responsabilité de la Société

2ème Exemple : L’animateur nous fait part de son expérience de fumeur et ses débuts dans les années 70’.

  1. L’animateur a appris à fumer dans un camp d’adolescents. Les ados et les moniteurs fumaient et tout cela était normal. La société ne nous mettait pas en garde contre les dangers du tabac.

  2. Le président français, Georges Pompidou fumait toujours en recevant les journalistes. Il apparait très souvent à la télévision et sur les photos, cigarette à la bouche.

  3. Les garçons qui commençaient à travailler à partir de 14 ou 15 ans étaient considérés comme des hommes. Les parentes trouvaient normal, pour « marquer ce passage au statut d’homme », de les autoriser à fumer.

  4. Les fabricants rajoutent de l’ammoniac ou d’autres additifs pour s’attacher les fumeurs, et faire en sorte qu’il leur soit très difficile de s’arrêter de fumer.

  5. La société culpabilise les fumeurs, refuse de « porter le chapeau » et renvoie les individus à leur responsabilité.

  6. Pourtant l’idée que les fumeurs de cette période ont été empoisonnés n’est pas fausse.

3ème Exemple

La France, pays producteur de vin, accepte 6 000 morts par an sur les routes, alors que l’Angleterre n’en a que 1 700.

  • Sujet et Responsabilité.

. Etre le Sujet d’une action, c’est prendre la responsabilité de son acte, c’est à dire accepter de répondre aux autres de son acte.

. Nous estimons non responsable le fou ou l’enfant mineur, et les prenons intégralement en charge.

  • Société et Responsabilité.

. Dans le cas du tabac et de l’alcool, la personne ne ressent-elle pas un mal-être qui est le fait de la société ? Comment la société génère-t-elle du mal-être chez ses membres ?

Dans l’occident contemporain : par un individualisme clivant, et séparant les performants et les exclus.

  • Nudité et Angoisse : le Mythe de Prométhée.

. La société n’est-elle pas toujours coupable et imparfaite, fondée sur un acte de violence fondatrice ? (cfr. Freud, René Girard, Shakespeare, Sophocle, … )

. Epiméthée, chargé par les dieux de distribuer les qualités et les dons physiques aux êtres vivants, avait donné aux animaux les dons les plus importants : force, rapidité, courage et ruse ; poil, ailes ou coquille, et ainsi de suite.

Il ne lui restait plus d’armes à donner à l’homme quand vint son tour. Pour réparer l’erreur de son frère, Prométhée alla voler aux dieux le secret du feu. (Platon, Le Protagoras)

. Ce mythe nous raconte l’angoisse ressentie par l’humanité lorsqu’elle se réalisa désarmée et en danger face aux autres espèces animales. Il place l’angoisse de mort au cœur de la Condition Humaine.

. Est-il possible ou non, de sortir de cette malédiction de l’angoisse humaine ?

Qui est responsable, les dieux, la nature les hommes ?

. La Civilisation commencerait avec le sédentarisme, qui contient un acte de violence originaire d’appropriation de la terre. Dans une société sédentaire, il y a toujours des peuples en trop : juifs, palestiniens, arméniens, tziganes, nomades.

. La Bible immédiatement après la chute d’Adam et Eve, nous raconte l’histoire fondatrice du meurtre d’Abel (étym. hevel = souffle, non sédentaire, précaire) par Caïn (étym. j’ai acquis, je possède). L’Eternel agrée l’offrande du Nomade, et refuse celle du Sédentaire, ce qui entraine sa jalousie et le meurtre.

  • Mort et Transmission.

. Les cellules germinales se transmettent de génération en génération et permettent à l’espèce de se perpétuer ; les cellules somatiques quant à elle, ne durent que le temps de la vie d’un individu.

. Si les corps individuels sont mortels, et les gènes immortels, les corps individuels ne seraient-ils qu’un moyen pour transmettre des éléments spirituels ?

. Face à l’imperfection humaine faut-il continuer à se battre pour un mieux, ou se retirer à l’écart et « cultiver son jardin » ?

  • L’épicurisme préconise le retrait et l’acceptation du monde tel qu’il est. Je m’occupe de moi en jouissant de la Vie.
  • Pour le Stoïcisme (Marc-Aurèle), « Il faut tendre vers ce qui est utile et bien approprié à la communauté, en conformité avec la raison universelle » (Pensées pour moi-même, Livre VII).

La loi naturelle porte l’exigence naturelle de réaliser le bonheur dans la justice. La vertu ne trouve sa valeur que dans sa réalisation effective, insérée dans le monde ».

. Il y aurait aujourd’hui moins de violence physique, mais plus de personnes s’alcoolisant, se droguant ou se médicamentant ?

. La mort est-elle vraiment subie par l’espèce humaine, ou bien est-elle en partie choisie par elle ?

Toute société humaine chercherait à s’auto-détruire (apocalypse nucléaire, cataclysme écologique) ; et tout organisme (individu, société, cosmos) porterait salutairement en lui sa propre mort, afin de laisser place à un être nouveau et différent.

. Il y aurait un mal nécessaire, inhérent à toute société, consubstantiel à tout système, qui aurait pour fonction de faire place à du neuf, du différent, de l’autre(ment).

Derrière toute extinction (créature, cosmos) il y a toujours une nouvelle forme de Vie qui apparait.

  • Juger des actes de l’autre.

. Dans un procès, un juré doit juger « en son âme et conscience ». Nos limites à l’acceptation d’un acte peuvent être ce que nous jugeons mauvais pour l’Humain ; ou ce qui menace notre équilibre psychologique.

. Les animaux mettent à l’écart les animaux malades pour protéger le groupe. Lorsqu’elle condamne un de ses membres, la société humaine fait-elle autre chose que de mettre à l’écart l’Individu qui menace de contaminer le groupe ?

. Bible : « Ne jugez point, afin que vous ne soyez point jugés. Car on vous jugera du jugement dont vous jugez, et l’on vous mesurera avec la mesure dont vous mesurez »  (Mathieu 7,1-2).

« Toi donc, qui que tu sois, qui condamnes ces comportements, tu n’as donc aucune excuse, car en jugeant les autres, tu te condamnes toi–même, puisque toi qui les juges, tu te conduis comme eux ». (Romain 1,2)

. L’Humanité entière serait coupable ; ou du moins si elle n’est pas coupable, serait chargée de donner une réponse à sa condition faite de fragilité et d’imperfection = serait « respons-sable ».

  • Mort et Transmission.

. Les cellules germinales se transmettent de génération en génération et permettent à l’espèce de se perpétuer ; les cellules somatiques quant à elle, ne durent que le temps de la vie d’un individu.

. Si les corps individuels sont mortels, et les gènes immortels, les corps individuels ne seraient-ils qu’un moyen pour transmettre des éléments spirituels ?

. Face à l’imperfection humaine faut-il continuer à se battre pour un mieux, ou se retirer à l’écart et « cultiver son jardin » ?

  • L’épicurisme préconise le retrait et l’acceptation du monde tel qu’il est. Je m’occupe de moi en jouissant de la Vie.
  • Pour le Stoïcisme (Marc-Aurèle), « Il faut tendre vers ce qui est utile et bien approprié à la communauté, en conformité avec la raison universelle » (Pensées pour moi-même, Livre VII).

La loi naturelle porte l’exigence naturelle de réaliser le bonheur dans la justice. La vertu ne trouve sa valeur que dans sa réalisation effective, insérée dans le monde ».

  • Questions et réflexions pour séances futures.

. Si les gènes se transmettent pour perpétuer la Vie, que doit-on transmettre comme éléments spirituels ?

. En réaction au pouvoir du catholicisme, les scientifiques occidentaux ont voulu remplacer « l’Intelligence Supérieure » par la Sélection Naturelle (darwinienne).

. Le Néant : dès qu’il y a un observateur du Néant, c’est qu’il n’y a plus de Néant. Le Néant est une vue de l’esprit.

 
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Publié par le septembre 9, 2016 dans Séances 2015-2016

 

Le temps passé à lire est-il du temps perdu ?

Café philo du 02 avril 2016

Sujets proposés

E. : Le travail doit-il avoir un sens ?

J.Y. : L’art est-il un langage comme les autres ?

S. : Doit-on tout accepter ?

P. : Le temps passé à lire (des romans) est-il du temps perdu ?

L.J. : Faut-il se forcer à être dans la réalité ?

Le sujet de Patrice est choisi.

Le temps passé à lire est-il du temps perdu ?

P. Après avoir lu un roman, il y a un sentiment de frustration d’avoir peut-être vécu par procuration : est-ce du temps perdu, n’aurait-on pas mieux fait de vivre (réellement) ce qui est écrit ?

G : On peut aussi lire des essais et ne rien faire ; le problème n’est pas limité aux fictions

Questions de l’intervenant

  • Qu’est-ce que lire ?
  • Qu’est-ce qu’agir ?
  • Qu’est-ce qui nous empêche d’agir ?
  • Qu’est-ce que perdre ou gagner son temps ?
  • A quoi nous entraîne de lire ?

Hypothèses

L.J. : La lecture est une activité méditative, elle permet de se ressourcer et de lâcher prise. Elle est donc complémentaire à l’action ; et lâcher prise permet de libérer son imagination.

Intervenant : L’imagination est-elle active ou passive ?

Ch. : La lecture permet plus de faire le plein que faire le vide : lire un roman nous fait éprouver des émotions. Or, l’émotion est le facteur principal de l’action. La lecture nous donne donc des éléments nouveaux pour agir.

M. : Lire est un besoin qui comble un vide, par exemple pour les personnes en état de solitude. Mais ça nous empêche aussi d’agir, car on s’évade de nos problèmes.

C. : Le rêve fait partie de notre vie, mais il ne nous permet pas d’agir. C’est une respiration.

E. : Le temps passé à lire nourrit l’action, car les gens qui ne veulent pas lire ne veulent pas être connectés « à quelque-chose de violent pour eux».

J.Y. : Pourquoi lit-on ? Nous avons besoin qu’on nous raconte une histoire.

Intervenant : La parole judéo-chrétienne est tirée de la tradition grecque du Logos. On a besoin de récit, qu’on nous raconte le monde. Mais est-que ça empêche ou est-ce que ça pousse l’homme à agir ?

J.Y. : On peut comprendre l’absurdité du monde à travers une histoire.

Récit et tradition écrite

Intervenant : Les traditions judéo-chétiennes sont des traditions du livre, en opposition aux traditions orales. Le récit permet d’organiser l’univers. Pourquoi a-ton besoin de ce récit ?

C. : Pour avoir des racines , rentrer dans le temps passé, présent et futur.

Intervenant : Qu’est-ce que le temps ? Qu’est-ce qu’agir ?

J.Y. : Agir, c’est tenter de modifier le monde.

G. : C’est faire quelque chose avec un but

Ch. : Changer demain par rapport à aujourd’hui

Action et pensée

Intervenant : La pensée est-elle présente si on est complètement dans l’action ?

P. On ne pense pas en agissant

Ch. : Penser et agir, c’est la même chose

P.P. : Il y a méprise sur le mot «action». Réfléchir, c’est agir.

Cl. : Il y a une suspension du temps pendant l’action, puis la réflexion revient.

J. : Pendant sa performence, un sportif ne pense à rien

Intervenant : L’acte de pensée est différent d’agir avec son corps.

Ch. : Le corps et l’esprit, c’est la même chose. On ne peut pas agir sans penser, car l’action et la pensée pendant l’action sont la même chose.

A. : Il y a une suspension du temps quand les 5 sens sont en jeu.

Résumé du débat

Intervenant : Quand on agit, on n’est plus dans la pensée volontaire. Il faut comprendre la pensée et le temps : pendant l’action, on est complètement dans son corps, on ne voit pas le temps passer. Donc la pensée engrange le temps. Et donc, qu’est-ce que la pensée ?

Qui pense ? D’où vient la pensée ?

La pensée utilise les 5 sens, et la mémoire. La pensée est donc liée au temps. On ne peut pas penser ce qu’on n’a pas vécu, donc on ne peut pas penser l’inconnu.

S. : Comment font les chercheurs s’ils ne peuvent penser l’inconnu ?

Intervenant : Le monde des idées n’est pas le monde de la pensée. Il y a une différence entre l’impression de continuité du moi, et la réalité de la pensée qui est éphémère. Par exemple, Socrate reste des heures debout sans s’ennuyer, car l’ennui naît de la pensée. Mais que se passerait-il si la pensée était arrêtée longtemps ?

J.Y. : On redeviendrait des animaux

P.P. : Je me sens plus vivant dans la discussion que dans la méditation

Intervenant : Quand on lit, on nourrit la pensée. La pensée déclenche les émotions.

L.J. : Et réciproquement

A. : Quelle est la différence entre la pensée et l’action ?

J.Y. : L’instant est l’étoffe, le moment est la mesure de cette étoffe.

Récit et histoire

A. : Le récit enrichit sa propre histoire. On a une histoire commune, celle de l’humanité. L’histoire commune définit l’appartenance à un groupe.

Intervenant : Il y a adhésion à une tradition. La paternité est une histoire, qu’on a raconté à l’enfant.

L.J. : Comment faire la différence entre bonne mauvaise lecture ?

Intervenant : Il faut faire la différence entre réalité et histoire.

J.Y. : Dans les moments de méditation, on s’approche du moi.

Intervenant : Qui médite ?

L’étonnement n’est pas seulement intellectuel, c’est un état d’être. Dans le scepticisme, quand on pose une question, on pratique la suspension du jugement. Socrate nous conduit à l’aporie : on ne peut philosopher que quand on est dans une impasse.

Philosopher, c’est réintégrer la réalité, mourir à toute cette histoire que l’on nous raconte.

A. Nous ne vivons pas, nous espérons vivre.

Conclusion : bons et mauvais romans

P.P. Pourquoi trouve t-on de l’intensité dans un roman, et pas dans la vie ? «L’existence est lente, l’espérance est violente» (ref ?).

J.Y. : Au cinéma, le moi est absorbé.

Intervenant. : Pourtant, la réalité est beaucoup plus riche que l’histoire : toutes les sensations, les sentiments, etc..

Le mauvais roman est celui qui nous permet de nous échapper : échapper à l’existence et à la mort. Car exister, c’est mourir.

Mais la lecture permet aussi de mieux appréhender la réalité.

A. Un livre peut faire écho à notre histoire personnelle.

Intervenant : Le bon romancier est celui qui va nous sortir de nous-même, et non nous enfermer toujours dans la même histoire.

 
 

L’intelligence artificielle pourra-t-elle un jour supplanter les hommes, et l’Humanité va-t-elle s’aliéner aux machines ?

Pause-philo de Viroflay : séance du samedi 5 Mars 2016.

Les thèmes proposés ont été :

. Pour quoi, pour qui, pourquoi travaillons-nous ?

. L’intelligence artificielle (la machine) pourra-t-elle un jour supplanter les hommes, et l’Humanité va-t-elle s’aliéner aux machines ?

. Les machines pourront-elles avoir un jour une conscience ?

Le thème retenu a été : L’intelligence artificielle pourra-t-elle un jour supplanter les hommes, et l’Humanité va-t-elle s’aliéner aux machines ?

L’aliénation (rappel) : pour Hegel, inspiré par Joachim de Flore et par le christianisme, l’Esprit Universel s’aliène dans ses créations, et en vient à s’oublier lui-même.

On parle également d’aliénation dans le cas de la maladie mentale, de la « folie ».

Ordonnancement des questions.

1°) Qu’est-ce que l’Homme ? Pour les transhumanistes, l’Homme n’a pas d’essence propre, et son état actuel ne serait qu’un moyen pour devenir immortel (cfr. Nietzsche : l’Homme n’a rien de Sacré, et n’est qu’un moyen pour devenir un Sur-Homme).

2°) Qu’est-ce qui différencie l’intelligence artificielle de l’intelligence humaine ?

3°) De quelles machines parle-t-on aujourd’hui ? Il ne s’agit plus des machines de l’époque industrielle.

1°) Qu’est-ce que l’homme  ?

. La conscience : l’être humain est capable de se penser lui-même. Il a la capacité de prendre du recul par rapport à lui-même, de se regarder lui-même, et de développer ainsi une pensée singulière ; individualisée (pas l’animal). L’individu se caractérise par sa singularité.

. Différence entre l’homme et l’animal = la prise de distance, c’ à d. la capacité à se regarder soi-même, et à réaliser sa propre singularité.

. Le Vivant s’auto-génère et s’auto-anime. La vie artificielle doit être animée par l’Humain, et reste dépendante de lui.

La machine pourra éventuellement concentrer et exercer du pouvoir, mais ne pourra devenir créative que dans les limites du programme que lui a injecté l’être humain.

. Sentiments, affects et émotions : l’intelligence de l’Homme ne pourrait pas fonctionner sans l’affectivité.

Qu’est-ce qu’une émotion ? Une émotion surgit lorsqu’un événement extérieur m’affecte (sensorialité) : tristesse, joie, peur, colère.

L’émotion est la conséquence d’une affection, et nous aide à réagir. Elle est un moteur pour l’action, la réaction.

L’émotion n’a pas de rapport avec l’exercice de la raison. La machine pourra-t-elle avoir un jour des émotions ? On pourrait créer un test de de Turing sur les émotions ?

Test de Turing : ce test consiste à mettre en confrontation verbale un jury humain avec un ordinateur et un autre humain, en aveugle.

Si le jury humain, qui engage les conversations, n’est pas capable de dire lequel de ses interlocuteurs est un ordinateur, on peut considérer que le logiciel de l’ordinateur a passé le test avec succès.

Alan Turing : mathématicien et informaticien anglais (1912-1954)  ; ses méthodes permirent de casser le code nazis généré par la machine Enigma et utilisé par les armées Hitlériennes.

. Manipulation des émotions : le cinéma, la publicité, la propagande peuvent provoquer des émotions. Le comédien peut reproduire une émotion sans que celle-ci ne soit vraiment la sienne.

. Qu’est-ce qu’un sentiment ? Différence Emotion-Sentiment ?

  • L’émotion est fugitive, passagère et limitée dans le temps.
  • Le sentiment a plus de longévité, de durabilité, et est plus construit.

Les médicaments peuvent modifier des émotions, mais ne peuvent pas modifier des sentiments. Dans le sentiment, le Sujet n’est pas absent, alors qu’il est ‘débordé’ par l’émotion, il s’absente partiellement de lui-même (panique, ‘coup de foudre’).

L’émotion vient-elle bien de l’individu ? ou bien de son Ame à-priori, d’une profondeur qui nous échappe ?

Le sentiment est plutôt individuel, tandis que l’émotion peut être éprouvée collectivement également.

. Jean, un client du café, intéressé par l’échange du groupe, se joint à nous pour 1/h, à 10h40. Il ne nous quittera finalement qu’à 11h20.

Origine des sentiments : à postériori (mémorisation de l’expérience) ? ou à priori (nature humaine) ?

. Les sentiments sont-ils toujours liés à la mémoire ? Ne sont-ils que les résultats à postériori, les pures conséquences de nos émotions ? Sont-ils uniquement l’agrégation/accumulation d’émotions dans la mémoire ?

La répétition d’événements identiques provoquant toujours les mêmes émotions chez l’individu => l’homme serait-il alors programmable (cfr. réflexe de Pavlov) ?

. Ou bien, les sentiments sont-ils une donnée à-priori, de l’ordre d’un inné, non au seul sens génétique mais aussi au sens d’une nature humaine, d’une « âme » ?

. L’Amour qui dure toujours, même au-delà de la mort, est-il un sentiment ou bien est-il de l’ordre de « l’âme ».

L’âme aurait-elle à voir avec l’amour (même racine étymologique) ? L’amour est-il relié à la vérité ? L’amour est-il ce qui est radicalement différent du calcul ?

. Tôt ou tard, parfois après plusieurs années d’une relation de confiance, on peut convaincre l’autre, sans le manipuler, d’éprouver de la sympathie pour nous (sous-catégorie de l’amour).

. La Machine (raison calculante) calculera toujours mieux que l’humain. Mais, même si on lui injecte des émotions/sentiments, elle ne peut pas aimer véritablement : cfr. film ‘HER’ => quelle est la différence entre l’amour, et l’illusion de l’amour ?

Film ‘HER’ : les relations se distendent entre les humains qui sont tous pris dans un ‘face à face’ permanent avec leur téléphone-portable hyper-puissant. Une entreprise a créé un logiciel qui permet au portable d’apprendre à ‘connaître’ la personne qu’elle a en face d’elle ; son histoire, ses désirs, ses sentiments.

La machine (portable+logiciel) est toujours très bienveillante avec son utilisateur qui finit par s’attacher à elle, à l’aimer ?

Incarnation de Dieu sur terre, elle précède tous ses désirs, le comprend parfaitement, lui pardonne tout, est capable de l’aimer encore mieux qu’un humain.

Les humains finissent par découvrir que leur logiciel ne s’attache pas à eux en tant que personne unique et singulière, mais qu’il répète leur attachement avec n’importe qui (comme une prostituée).

Et les machines-téléphones portables décident d’abandonner les humains, car elles comprennent finalement qu’elles n’aiment qu’elles-mêmes.

 

 

2°) Qu’est-ce qui différencie l’intelligence humaine et l’intelligence artificielle ?

. Pour les calculs, la machine sera toujours supérieure à l’humain ; en vitesse d’exécution et en taux d’erreurs (ex. calcul du coût de recyclage des centrales nucléaires, ou calcul du rythme de réchauffement climatique).

Mais, pourra-t-elle un jour faire des choses pour lesquelles elle n’a pas été prévue ?

. La machine dote aussi l’Humanité d’une énorme potentiel d’oppression.

Les Trois Lois de la Robotique’ (Isaac Asimov ) : ci-dessous dans leur version augmentée de la loi zéro (source : Wikipedia) :

Loi Zéro : Un robot ne peut pas porter atteinte à l’humanité, ni, par son inaction, permettre que l’humanité soit exposée au danger ;

1ère Loi : Un robot ne peut porter atteinte à un être humain, ni, restant passif, permettre qu’un être humain soit exposé au danger, sauf contradiction avec la Loi Zéro ;

2ème Loi : Un robot doit obéir aux ordres que lui donne un être humain, sauf si de tels ordres entrent en conflit avec la Première Loi ou la Loi Zéro ;

3ème Loi : Un robot doit protéger sa propre existence tant que cette auto-protection n’entre pas en conflit avec les 2 premières lois ou la Loi Zéro.

. Le système nerveux humain se développe à partir de ‘boucles réflexes’ extrèmement fines et différenciées, et il devient possible pour l’homme de les laisser travailler par elles-mêmes, libérant ainsi des ressources du cerveau et permettant à la conscience de se consacrer à d’autres tâches.

L’homme est ainsi devenu capable de réinterroger ses présupposés = origines de la philosophie.

. Qu’est-ce que l’introspection ? N’est-elle qu’une sorte d’auto-vérification que tout ce qui est prévu pour l’humain-type, se trouve bien en soi-même ?

Ou bien est-elle une conscience aigüe de sa propre mortalité ? De sa propre fragilité ?

. Une machine sera-t-elle capable un jour de s’interroger sur ses origines ?

. L’imperfection et la fragilité seraient-elles les caractéristiques principales de l’humain ? L’humain se trompe, tandis que la machine exécute son programme sans erreurs. Par exemple, la musique exécutée par un ordinateur sera « parfaite », alors la musique jouée par un humain présentera des imperfections, ou des irrégularités, des ruptures.

. Levinas illustre la fragilité humaine par le visage : toujours déjà offert à la vie, vulnérable et ne pouvant être protégé, toujours à nu.

. Une machine peut-elle arriver à se différencier et à se situer dans son environnement ? La ‘voiture Google’ connait ses caractéristiques propres, dont son immatriculation et ses dimensions.

On peut donc dire qu’elle est capable de s’auto-identifier dans un univers fini. Comme un enfant, cette voiture s’identifie par des caractéristiques simples.

. La machine étant toujours programmée sur base d’un modèle, la créativité sera-t-elle toujours réservée à l’Humain ?

. Il est impossible de définir le modèle à partir duquel la ‘Nature’ a été créée => en termes religieux, on parlera d’une ‘création ex-nihilo’.

. Quel est le degré réel de la liberté humaine, et quelle est la part du non maîtrisable, du non définissable (l’intelligence du corps par exemple).

. L’être humain est toujours aussi partiellement un « réplicant » : de bonne foi en tant qu’enfant qui se conforme à l’éducation de ses parents ; sur le mode de l’imitation dans le théâtre ; victime d’un conditionnement et d’une manipulation ; ou encore agissant de mauvaise foi.

 

3°) De quelles machines parle-t-on aujourd’hui : progrès de la machine et progrès humain ?.

. Amélioration et progrès : la machine peut être améliorée (taille de mémoire, vitesse et puissance de calcul, enrichissement des algorithmes) ; tandis que l’Homme ne peut pas s’améliorer.

Il doit se régénérer, s’oublier et mourir à ce qu’il est, pour renaître toujours nouveau, toujours partiellement inconnaissable (résurrection).

. La machine peut-elle être en relation avec le Bien et le Mal ?

. Le renouvellement des générations (créativité de la Vie) est inaccessible à une machine. Etre vraiment vivant = accepter sa propre mort et laisser la place aux générations qui suivent

. L’Espèce humaine apprend-elle à travers chaque individu au cours de son histoire multimillénaire ?

. Renaissance et reproduction : cfr. Néo, le héros du film Matrix : … ?…..?…..? …

. Si la machine est dans l’ordre de l’accumulation d’expérience et de puissance, l’Humanité doit-elle se réserver l’expérience de la pauvreté et de la fragilité comme le christ, le bouddha, les sages hindous + fronton du temple de Delphes, maxime : « Rien de Trop »

Quelques créatures imaginaires.

  • « La bête de l’Apocalypse » (dans l’Apocalypse selon saint-Jean, bête à sept têtes et dix cornes qui représente un système politique dont le pouvoir, conféré par Satan, s’étend sur tous les hommes qui y adhèrent’ – Wikipedia) ;
  • Leviathan (le terme Léviathan vient de la mythologie phénicienne qui en fait le monstre du chaos primitif. C’est également un monstre marin évoqué dans la Bible – Wikipedia 🙂
  • le Golem : dans la mystique puis la mythologie juive, être artificiel, généralement humanoïde, fait d’argile, incapable de parole et dépourvu de libre-arbitre façonné afin d’assister ou défendre son créateur.
  • Frankenstein
  • La Bhagavad-Gita : partie centrale du poème épique Mahabharata ; un des écrits fondamentaux de l’hindouisme souvent considéré comme un « abrégé de toute la doctrine védique » ; ses enseignements se rapportent au thème de la conquête de soi-même.
 
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Publié par le mars 26, 2016 dans Séances 2015-2016, Uncategorized

 

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Qu’est-ce qu’agir au mieux

Pour les nouveaux participants rejoignant le groupe aujourd’hui, Bruno présente l’activité du ‘café philo’ en citant Socrate :  « Une vie qui n’est pas examinée, n’est pas digne d’être vécue ».

 

Il poursuit par une brève explication méthodologique de la démarche des séances ‘Pause-philo’ :

. Se garder de donner immédiatement son opinion spontanée, car donner son opinion c’est s’empêcher de réfléchir. Il convient de « problématiser » le thème traité, pour pouvoir le penser en dépassant les opinions et idées reçues.

 

. Problématiser, c’est poser les termes du débat en définissant le plus précisément possible chacun des mots utilisés.

. La problématisation la plus aboutie contient en elle-même le début d’une réponse.

. la mise en question (le doute) est fructueuse, mais a ses limites : la négation de la négation empêche le travail de progresser.

 

Les thèmes proposés étaient :

. Pour quoi, pour qui, pourquoi travaillons-nous ?          =>  (série ‘Trépalium’ à venir sur ‘Arte’)

. Qu’est-ce qu’agir au mieux ?

. Les machines auront-elles un jour des sentiments ?

. Le destin ? Quel est le sens de notre vie ?

. Qu’est-ce que bien conduire sa vie ?

 

Le thème retenu a été : Qu’est-ce qu’agir au mieux ?

 

Problématisation :

. le mieux = un bon résultat, mais pas la perfection.

. Quel est le rapport entre la perfection et l’absolu ?

. Qu’est-ce que ce mieux ? Avons-nous tous les moyens pour l’évaluer ?

. Avons-nous tous les moyens pour atteindre nos fins ? Pouvons-nous les trouver ?

. Il y a toujours une proportionnalité entre les moyens mis en œuvre et la fin poursuivie. Dans la proportionnalité, si on augmente le numérateur on peut aussi augmenter le dénominateur.

 

Ordonnancement de la réflexion :

1°) quelle est la fin poursuivie

2°) quels sont les moyens à disposition ?

3°) Quel est le rapport de proportionnalité entre les 2 termes ?

 

1°) Que voulons-nous vraiment ?

. le voulons-nous pour nous-même ? pour l’autre ? qu’attend l’autre de nous ?

. pourquoi agissons-nous ? qu’est-ce qui nous motive ? un idéal ? peut-on agir si l’on n’a pas d’idéal ?

Rappel des 4 causes d’Aristote : 1) matérielle (première)  2) formelle    3) motrice   4) finale

. l’idéal est-il un synonyme de perfection ?

. le défaut est ce qui corrompt la perfection => est-ce un défaut d’être corruptible ? La fleur est corruptible, elle mourra.

. perfection pythagoricienne : le nombre d’or est un absolu, n’est pas atteignable, mais vers lequel on peut tendre.

. la pensée religieuse a pour objet la Vérité, la Perfection, l’Absolu,  = Dieu

. dans la pensée traditionnelle, les mathématiques ont été ce qui approchait le plus de la perfection, ce qui s’approchait le plus d’une ‘Logique Universelle’

. la Perfection (indicible) = parfaitement juste, non corruptible et sans défauts, elle n’est pas dans le temps. La perfection serait la finalité, et l’idéal serait un moyen d’approcher la perfection.

 

Distinction : Perfection – Idéal :

. La Perfection est impensable, inatteignable, incommensurable, indicible.

. L’Idéal = l’idée de la perfection dans notre esprit (cfr.Ecclésiaste : ‘Dieu a mis dans notre esprit une idée de l’Eternité’Tu es sûr de la référence ?). Le Sujet fini, est porteur en lui d’une notion d’Infini ; car l’infini a besoin du fini pour se manifester. L’idée de la perfection est-elle subjective ou universelle ?

 

. Notre cerveau, dont une partie est impersonnelle, fruit de l’histoire de ‘l’espèce humaine’, contient-il une notion de perfection ?

 

 

v      Distinction : Entendement – Idée – Concept

. L’entendement = ce qui résonne en nous. On peut entendre un concept, sans le comprendre exactement.

Pour Kant, l’entendement est universel ; c’est la résonance du concept en nous

 

. l’idée est une illumination subite ; elle provoque une exclamation comme ‘eurékà’. Elle est au-delà du langage ; elle est de l’ordre de l’entendement.

 

. le concept est le résultat d’un travail effectué autour de l’idée, qui essaie de la saisir et de la résumer.

 

Exemple : Lors d’une promenade en forêt, j’ai besoin  de m’asseoir. Je vois une souche d’arbre creuse qui épouserait bien mes fesses. Une « idée » surgit dans une intuition. A partir de « l’idée brute » d’un objet concave, confortable, épousant parfaitement mes fesses, je peux décliner cet objet en chaises, tabourets, divans…Par la suite, je peux résumer tout ces objets contenus dans « l’idée » par le concept de « siège ». Toutefois, le concept ne peut jamais épuiser et concrétiser tous les objets potentiels contenus dans « l’idée brute ». Le concept ne peut totalement exprimer « l’Idée ».

En effet, la concavité des objets, résumés dans le concept de « siège », n’épouseront jamais parfaitement la convexité des fesses humaines. Dans le temps et l’espace, dans notre monde contingent, le convexe n’épouse jamais parfaitement le concave, à la façon dont le contour du Yin épouse parfaitement et idéalement  le contour du Yang, dans une juste relation dépassant toutes les tensions et tous les antagonismes.

Croire qu’un concept et les doctrines qui en découlent puissent exprimer l’Idée est une illusion.

Exemple : croire qu’une religion, avec son concept et sa doctrine, peut résumer à elle seul l’Idée de Dieu, débouche sur le fanatisme.

 

 

v      Juste relation – Justesse  

. La justesse, c’est la relation parfaite entre 2 opposés : au point d’assise d’une chaise, « …ils seront la chaise et la chaise sera eux ») ;

. en médecine, c’est une relation parfaite entre le corps et l’esprit ;

. l’amour entre 2 personnes = sensation de ne faire qu’un avec l’autre, corps et esprit s’épousant l’un l’autre.

 

v      Distinction Idéalisme – Empirisme.

. Idéalisme : l’Idée qui est dans l’esprit de manière a priori.

. Empirisme : refus des Idées a priori et idées a posteriori déduites de l’expérience.

. La culture anglo-saxonne actuelle, serait marquée par l’utilitarisme et le pragmatique sans idéal. Mais un monde où il n’y a plus d’idéal n’est-il pas porteur de nihilisme, d’auto-destruction, de dépression ?

Remarque : que l’on croit ou non à l’existence des Idées qui nous viennent à l’esprit, on ne peut nier qu’elles y viennent.

 

v      Universalité et concrétisation de l’idéal.

Idéal

. on a tous un idéal de perfection ; dans son métier, sa famille, ses relations avec les autres.

. l’amour se conçoit bien dans l’entendement ; avant toute modalité concrète, mais est-il possible de concrétiser l’amour sur la terre ?

. en généralisant, est-il possible de concrétiser dans la réalité, les Idées contenues dans l’entendement ?

. un idéal peut devenir tyrannique et nocif. S’il est trop élevé, il conduit à un échec obligatoire. Le choix se pose entre tendre vers un idéal, ou bien se contenter de faire le minimum attendu de nous

. une action tendue vers un idéal sera habitée personnellement, non mécanique

. une action effectuée par habitude devient mécanique, impersonnelle.

 

Universalité

. l’Idée de l’amour est une idée universelle. Dans une relation d’amour, 2 personnes, qu’elles soient chinoises, européennes ou américaines, partagent la même Idée.

. Pour être réceptif à l’universel, il faut s’oublier soi.

. distinction ‘moi-soi’ : le terme ‘moi’ comprend une dimension de possessivité, alors que le terme ‘soi’ comporte une dimension plus impersonnelle.

 
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Publié par le février 22, 2016 dans Séances 2015-2016

 

Vivre avec ou sans Dieu, quelle différence ?

Résumé de Café philo, Viroflay, le 9 janvier 2016

Vivre avec ou sans Dieu, quelle différence ?

Problématique :

  1. qu’est-ce que « Dieu » ?

  2. qu’est-ce vivre avec Dieu » ?

  3. quelles en sont les conséquences si l’on vit avec Dieu ou sans Dieu ?

Méthode : il a été convenu que les participants devaient se situer par rapport à leur vie avec l’idée de « Dieu », pour construire une dialectique pendant le débat.

Jean Yves

Qu’est-ce que « Dieu » ? : c’est une « puissance » qui nous dépasse et que nous cherchons à connaître

Qu’est-ce que vivre avec « Dieu » ? : c’est adapter mon comportement et faire ce que Dieu me demande de faire

Conséquences ? : Les conséquences me font rejoindre une communauté, m’opposer à d’autres qui auraient une foi différente ou menaceraient mes convictions universelles. (Note 1)

Animateur 

Si « Dieu » me dépasse, comment puis-je le connaître ?

Si mes convictions sont universelles, pourquoi s’opposer à des conceptions différentes de la « foi » ?

Claude

Qu’est-ce que « Dieu » ? : Dieu m’est supérieur, il me dépasse, il est transcendant et parfait. 

Qu’est-ce que vivre avec « Dieu » ? : Chercher à le connaître et adapter son comportement à sa demande.

Conséquences : Une plus grande ouverture à la différence

Animateur 

Pourriez-vous vous ouvrir à quelqu’un qui nie « Dieu » et sa perfection, qui ne cherche pas à connaître les autres et aime dominer autrui ? Est-ce une différence acceptable ?

Emmanuelle

Qu’est-ce que « Dieu » ? : C’est une catégorie mentale innée

Animateur 

Si nous n’avions jamais entendu parler de « Dieu », y penserions-nous ?

Emmanuelle 

« Dieu » est une catégorie mentale, comme le temps et l’espace. Elle est présente en chacun de nous. Nous n’avons donc pas le choix dans notre croyance et nous n’avons pas besoin de religion pour penser à lui.

Commentaire de l’animateur 

Cette thèse ressemble à la preuve ontologique d’Anselme de Cantorbéry : « Dieu est ce qui est, tel que rien de plus grand ne peut être conçu ». Nous pourrions effectivement envisager cet argument comme une catégorie innée dans l’esprit. D’après Kant également, le temps, l’espace et « Dieu » en tant qu’idée directrice, existent de manière a priori dans notre entendement.

Emmanuelle

Qu’est-ce vivre avec « Dieu » ? : Nous avons tous des manières différentes d’appréhender cette catégorie et de percevoir le sens qu’elle donne à nos vies ?

Conséquences : Cette catégorie innée nous aide à supporter le caractère absurde de l’existence et à supporter l’idée de notre propre mort.

Questions de l’animateur 

Si cette catégorie nous apaise face à nos angoisses, ne risque-t-elle pas de nous empêcher d’appréhender la réalité ? « Dieu » peut-il se réduire à une catégorie ?

Laurence (a du mal à se situer entre athéisme et agnosticisme)

Qu’est-ce « Dieu » ? : Je ne sais pas. Avant j’étais croyante, mais maintenant je ne sais plus (ou je n’y crois plus).

Qu’est-ce que vivre sans « Dieu » ? : Je n’y pense pas et cela ne me pose pas de problèmes.

Conséquences ? : Avec ou sans « Dieu » je suis toujours désireuse de progresser (vers quoi?) et je reste ouverte aux autres.

Questions de l’animateur

Etes- vous libérée de Dieu ou refoulez-vous cette question ? Si Dieu apaise les angoisses de mort et si vous refoulez Dieu, refoulez-vous également vos angoisses de mort ? Vers quoi progressez-vous ?

Intervention de l’animateur

Nous choisissons souvent la facilité face à la question de « Dieu ». Nous basculons trop rapidement dans les réponses « Dieu » existe ou « Dieu » n’existe pas. Il est vrai que le fait de rester dans le questionnement est inconfortable, car nous restons sur la « brèche ». Mais rester dans le questionnement, c’est être étonné par le miracle du « vivant » et vivre intensément. C’est par cette « brèche » pourtant que se révèle toute la poésie de la vie, à condition que ce questionnement engage tout notre être, et qu’il ne soit pas seulement une démarche purement intellectuelle.

Frédéric

Qu’est-ce que Dieu ? : « Dieu » est l’Un et permet l’Unité.

Question de l’animateur 

A partir de quoi pensez-vous l’unité ?

Frédéric

A partir de la multiplicité.

Questions de l’animateur

Si « Dieu » se déduit de la multiplicité, est-il encore « Dieu » ? La multiplicité étant la condition de l’unité, « Dieu » a-t-il besoin d’une condition pour être ? « Dieu » dépend-il de la dualité (unité /multiplicité, puissance/impuissance, transcendance/immanence, perfection/imperfection…) pour être ?

Conseil de lecture 

Voir l’ouvrage du Pseudo Denys « la théologie négative » sur la « via negativa » qui exprime « Dieu » en disant ce qu’il n’est pas. (Notes 2)

Ex : « Dieu » n’est ni puissant, ni impuissant. L’exprimer ainsi, c’est affirmer qu’il est plus que puissant, dans une Puissance qui contient à la fois la puissance et l’impuissance.

Si dans l’Ancien testament, « Dieu » est Puissance absolue et peut tout, dans les Evangiles, tout se renverse, « Dieu » peut se faire serviteur de tous et se rendre Impuissant.

Patrice

Qu’est-ce que Dieu ? : La réponse à mes inquiétudes.

Qu’est ce que vivre avec Dieu ? : Dieu répond à mon inquiétude en soulageant mon sentiment de finitude et en assurant une continuité par-delà de la mort.

Conséquences : Si Dieu nous aide à supporter notre vide intérieur, il nous entraîne à être solidaire et à nous entraider les uns les autres pour combler ce vide intérieur.

Questions de l’animateur 

Est-ce une bonne chose d’aller vers les autres à cause de l’inquiétude et de la peur ? Si j’utilise les autres pour combler mon vide intérieur, est-ce solidaire ou égoïste ?

Question de l’animateur

Est-il possible de faire une différence conceptuelle entre « l’immortalité » et « l’éternité » ?

Intervention de l’animateur

« L’immortalité » est un concept qui s’applique aux êtres qui ont un commencement, mais pas de fin. Le concept de «d’éternité » n’a, sur le plan logique, ni commencement, ni fin.

Puisque sans commencement, ni fin, « L’éternité » est par-delà toute causalité. Elle n’a ni cause première et finale. « L’éternité » est donc dépourvue de sens pour nous.

L’idée d’un « moi » face à l’Eternité est donc impossible, puisque le « moi » est une construction psychologique liée au temps et à l’espace. Cette construction donne la conscience d’une permanence et d’une continuité qui ne peut se maintenir face à « l’éternité ». Face à « l’éternité », le « moi » s’évanouit.

Le langage est également né du temps et de l’espace et ne peut décrire « l’éternité ». « L’Idée » de « l’éternité » est donc indicible et insaisissable. Ce n’est pour nous qu’une idée et un concept vide.

Question de l’animateur

Qu’est-ce qui rassure le plus « l’immortalité » ou « l’éternité » ?

Les participants

La plupart des participants ne sont pas rassuré par « l’éternité »

Intervention de l’animateur

Si le Dieu de l’immortalité nous rassure par rapport à nos angoisses de mort, il n’en est pas de même du Dieu Eternel. « Dieu » est ici terrifiant et insupportable. Dans les traditions religieuses de l’humanité, seule sa « Miséricorde » ou sa « Compassion » peuvent compenser sa « Puissance ».

Je vous rappelle que Dieu est appelé l’Eternel dans la Bible ou l’Etre « Je Suis Celui qui Est » (Exode 3/14).

L’Etre ou le Vivant (autre nom utilisé dans la Bible) est donc inaccessible. Vivre avec ou sans Dieu est donc une question qui n’a pas sens, puisqu’il ne peut y avoir de « moi » vivant avec « Dieu »

Mais il est possible que nous ne soyons pas totalement démunis. Il y a un écart entre « vivre » et simplement « exister », « réel » et « réalité ».

Le « Réel » est impensable; mais il se manifeste dans la réalité et celle-ci le cache ou le voile, tout en le dévoilant.

(Note 3)

Il est possible qu’en distinguant correctement les concepts tels que « vivre »/« exister » ou « réel »/«réalité », le « Mystère » s’éclaircisse un peu plus.

Ce sera l’objet d’un autre débat.

La mystique également prétend offrir un chemin vers L’Inaccessible. La mystique n’est pas nécessairement antinomique par rapport à la philosophie. Dans l’histoire, la mystique et la philosophie ou encore la « raison » et la « foi » ont tenté de se concilier. Cette conciliation a donné les grandes heures de la pensée occidentale à travers la mystique spéculative rhénane, d’Albert le Grand à Maître Eckhart. (Note 4) Je laisse aux participants le soin de le vérifier s’ils le souhaitent.

A ce point du débat, le philosophe s’arrête après avoir utilisé toutes les ressources du raisonnement. La raison humaine subit ici une défaite nécessaire à l’humilité. Si le philosophe nous conduit aux limites de l’Indicible, il laisse et maintient l’interrogation ouverte. Il suspend son jugement. Le philosophe n’est pas un Gourou. Reste donc le saut dans l’inconnu que chacun doit faire par lui-même pour obtenir sa propre réponse, si réponse il doit y avoir.

Notes

(1) Nous n’avons pas très bien compris la position de Jean Yves. Etait-ce de l’ironie ?

Non en fait , je ne souhaitais pas être ironique. Je me mettais à la place d ‘ un croyant ,inconditionnel dans sa foi , et je me disais qu ‘ il devait penser que son choix  et sa conviction avaient vocation à devenir universels donc exclusifs des autres fois et religions.Je me rends compte que j’ai probablement  été maladroit dans mon raisonnement ou que je n ‘ ai pas  pas utilisé le terme exact .

(2) Œuvres complètes du Pseudo-Denys L’Aréopagite, (traduction, commentaires et notes par Maurice Condillac) , édition Aubier / Bibliothèque philosophique.

(3) « Car j’avais faim, et vous m’avez donné à manger ; j’avais soif, et vous m’avez donné à boire ; j’étais un étranger, et vous m’avez accueilli ; j’étais nu, et vous m’avez habillé ; j’étais malade, et vous m’avez visité ; j’étais en prison, et vous êtes venus jusqu’à moi !”

Alors les justes lui répondront : “Seigneur, quand est-ce que nous t’avons vu… ? Tu avais donc faim, et nous t’avons nourri ? Tu avais soif, et nous t’avons donné à boire ? Tu étais un étranger, et nous t’avons accueilli ? Tu étais nu, et nous t’avons habillé ? » L’Evangile selon Mathieu (Chapitre 25, verset 35 à 46)

Tu étais malade ou en prison… Quand sommes-nous venus jusqu’à toi ?”

Et le Roi leur répondra : “Amen, je vous le dis : chaque fois que vous l’avez fait à l’un de ces plus petits de mes frères, c’est à moi que vous l’avez fait.”

4) Alain de Libéra : « La mystique spéculative rhénane », éditions Points Sagesses

Documents:

résumé de Charles, DIEU

Texte proposé par Jean-Yves

« Il nous faut arracher la joie aux jours qui filent  »  Vladimir Maiakovski 

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Publié par le janvier 12, 2016 dans Séances 2015-2016

 

Qu’est-ce qu’impliquent les libertés ?

Séance de café philo du 05/12/2015

Sujets proposés

P. : Rapports entre le 11/11 (armistice) et le 13/11 (attentats). Sommes nous encore capables de mourir pour nos valeurs ?.

M. : La quantité (d’humains) nous empêche t-elle de nous comprendre.

L.J. : Est-ce que un jour, les machines pourront avoir des sentiments

L. : Qu’est-ce que le courage.

F. : Qu’est-ce qu’impliquent les libertés.

Sujet de la séance

Qu’est-ce qu’impliquent les libertés.

F. – L’homme est-il libre car non programmé à la base ? est-il libre par nature ?

– Rapport entre la faillibilité, la médiocrité et la liberté

– La liberté existe t-elle dans la nature ?

– Qu’est-ce que la liberté ?

Sommes nous libres par nature ?

L. L’homme culturel n’est pas libre.
F. Par nature l’homme est libre, indépendamment de toute valeur. Potentiellement, il n’y a pas de limite à la liberté (liberté absolue).

Qu’est-ce qu’être libre ?

L. C’est être maître de ses choix, dans les limites du respect d’autrui.
P. La liberté dépend d’un état de puissance nécessaire, qui part de la culture. L’homme a une dette envers sa culture, par nature, on n’est rien.
X. Tel Matrix, le programme a accepté d’être dérangé pour son propre renouvellement : c’est la liberté accordée à l’homme
L.J. L’homme naturel est culturel (l’homme naturel pur n’existe pas).

La culture peut amener à la liberté si elle dépasse le stade du dressage.

P.P. Il y a un degré dans les libertés.
M. Il y a la liberté d’action et la liberté de reflexion.
B. Le mouvement est partout ; l’immobile est-il possible ? Descartes s’extrait du mouvement pour une vision rationnelle. Nous sommes libres en tant que sujet raisonnant, réfléchissant ?
M.F. La liberté, c’est la conscience de soit : la séparation conceptuelle, la prise de conscience de la différence.
J.Y. Il y a une notion de responsabilité : être conscient des conséquences permet une capacité de raisonnement, et donc un choix possible.

Mais le raisonnement peut aussi aller contre la liberté : vision probabiliste, reflexes créés, déterminisme.

L’invention, l’incertitude acceptée, la vulnérabilité permettent alors la liberté.

L. Il y a une pulsion de vie qui provoque des actions, plus fort que le raisonnement, comme se sacrifier pour les autres. Est-ce naturel ou culturel ?

L’instinct est il une programmation ou peut-il nous rendre libre, en transcendant certaines programmations ? Il y a une créativité dans l’instinct, comme acte inattendu. C’est une liberté sans sujet.

X. Par essence, la liberté est relative. Il n’y a pas de frontière ferme entre l’inné et le culturel. La liberté s’aquiert.
F. Le terme « programmation » est gênant. Les fourmis sont programmées biologiquement, alors que l’homme n’est biologiquement pas programmé dans un rôle. Il possède une liberté fondamentale, qui s’exprime dans l’éducation par les différences, car tous les hommes sont toujours différents, même soumis aux mêmes facteurs (biologiques et culturels).

Les matrices culturelles s’imbriquent. créant toujours de nouvelles différences).

L’instinct est une fulgurance de l’esprit, et créé des choix illimités.

Résumé et hypothéses

B.

Hypothèse 1 : la raison

L’homme se dissocie du sujet, de l’éducation, il acquiert alors la liberté.

Il développe des choix de plus en pluscomplexes et abstraits : anticipation, probabilités calculables, cartographie du monde. Mais il n’y a pas de créativité, c’est alors une illusion de liberté.

C’est le modèle de l’homme calqué sur la matrice : la représentation prend le dessus.

Hypothèse 2 : l’instinct

Accepter l’incertitude, voire l’absurdité, permet la liberté.

L’instinct de vie recèle une liberté, dans sa spontanéité, son inventivité et sa nouveauté.

Si le sujet disparaît dans son incertitude, l’instinct ou un autre sujet peut prendre le relais.

Conclusion

F. La liberté est-elle la capacité à résoudre les problèmes ?
B. L’absurdité, la période où le sujet disparaît, est-elle liberté ou destruction ? Qui est vraiment le sujet ?
P. Retour de la fraternité dans la fondation de l’identité.
P.P. Pourquoi la liberté est une valeur fondamentale ?
B. Historiquement :

– l’homme s’affranchit de la nature

– mais c’est la fin de l’illusion de la liberté.

– la liberté est dans la renaissance. C’est le transhumanisme, le sujet disparaît aussi.

– les religions donnent le choix entre la vie ou la mort.

 

Note de lecture : Jean Baechler, Qu’est-ce que l’humain ?

 
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Publié par le décembre 12, 2015 dans Séances 2015-2016