Pause-philo de Viroflay : séance du samedi 28 Mai 2016 (report séance du 07/05/2016).
Thèmes proposés
. Face au désastre écologique et au terrorisme religieux, faut-il se retirer à l’écart et faire son bonheur personnel, ou doit-on continuer à lutter pour améliorer le monde ? Que transmettre ? => (2 voix)
. En démocratie, l’action syndicale est-elle moins légitime que l’action gouvernementale ? => (3 voix)
. Doit-on tout excuser, ou comprendre et accepter de la part de l’autre ? => (4 voix)
. Qu’est-ce qu’être seul dans la société d’aujourd’hui ? => (3 voix)
Thème retenu : Comprendre et expliquer le ‘Comment’ et le ‘Pourquoi’ peuvent-ils constituer une excuse ?
Problématisation :
. L’explication entraine-t-elle automatiquement l’acceptation des actes de l’autre ? ex. elle me frappe, parce qu’elle a été frappée par sa mère quand elle était enfant.
. Il y a deux types d’explication : celle donnée par le responsable des actes ; et celle donnée par un observateur extérieur.
. La sanction appliquée depuis des siècles de pendre ou tuer des gens, a-t-elle amélioré le monde ou les personnes ?
. Faut-il expliquer tous les actes des individus ? Qu’est-ce qu’expliquer ? La raison humaine le peut-elle ?
. En permettant à l’autre de s’expliquer après un acte grave, on lui permet de redevenir humain par la parole.
. Nous utilisons la raison humaine pour chercher des explications. Mais :
- Y a-t-il toujours une explication rationnelle à nos comportements ? Le comportement humain est-il toujours rationnel ? Un sentiment est-il toujours explicable par la raison ?
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L’explication doit-elle toujours entraîner l’acceptation ? La société doit-elle accepter les phénomènes qu’elle souhaite s’expliquer ? (ex. opposition de M.Valls aux sociologues qui expliquent l’origine du basculement des jeunes dans le djihadisme).
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Jusqu’où peut-on « com-prendre », c’ à d. « prendre avec », porter avec l’autre son acte, son fardeau ?
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Jusqu’où peut-on se mettre à la place de l’autre ? Est-il possible d’évaluer la responsabilité et la culpabilité de l’autre ? Son mental est-il complètement pénétrable de l’extérieur ? Dans le cas de la folie par exemple, on ne parvient pas à se mettre totalement à la place de l’autre.
Exemple : Un jeune « tire la mauvaise carte » dès le début de sa vie. Il ne rencontre ensuite personne qui l’aide, mais uniquement des gens qui l’excluent => intérieurement, il vit des sentiments très durs de révolte, de violence et de haine vis-à-vis de la société.
Dans un tel cas, on peut pointer une responsabilité individuelle du jeune de faire face aux conditions de vie dans lesquelles il est né et a grandi ; MAIS AUSSI ; une responsabilité de la société qui n’a pas su l’aider.
1ère Exemple : 100 ans de guerres dans les pays arabes.
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Au moment de la colonisation française, une résistance arabe s’organise pour lutter contre ces « envahisseurs ». Elle prend deux formes distinctes : une forme religieuse avec les ‘Frères Musulmans’ (fondés en 1928) ; ET une forme laïque avec le ‘Nationalisme Arabe’ inspiré du marxisme et soutenu par l’URSS. Le nationalisme arabe s’est effondré peu après la chute du ‘mur de Berlin’ ; et seule subsiste aujourd’hui la voie des ‘Frères Musulmans’.
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Pendant la colonisation française, les algériens n’avaient même pas le droit de vote.
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La France n’a jamais fait l’effort d’intégrer les jeunes issus de l’immigration, alors qu’elle a exploité leurs parents. Ces jeunes nés sur le territoire français sont pourtant français.
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Où est la responsabilité ? Du côté de la colonisation française, du néo colonialisme et de la main mise des grands groupes financiers sur les matières premières des pays colonisés et placé sous la tutelle de dictateurs, fabriqués par les occidentaux ? Ou bien vient-elle des pays qui on fait le choix du djihad, pour lutter contre l’impérialisem occidentale ?
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Où est la responsabilité entre la société française et ces jeunes issus de l’immigration, dont on dit qu’ils sont une génération sacrifiée, sans avenir, lorsque parmi eux certains font le choix de l’Etat islamique et se retournent contre le pays où ils sont nés.
Responsabilité Individuelle et Responsabilité de la Société
2ème Exemple : L’animateur nous fait part de son expérience de fumeur et ses débuts dans les années 70’.
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L’animateur a appris à fumer dans un camp d’adolescents. Les ados et les moniteurs fumaient et tout cela était normal. La société ne nous mettait pas en garde contre les dangers du tabac.
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Le président français, Georges Pompidou fumait toujours en recevant les journalistes. Il apparait très souvent à la télévision et sur les photos, cigarette à la bouche.
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Les garçons qui commençaient à travailler à partir de 14 ou 15 ans étaient considérés comme des hommes. Les parentes trouvaient normal, pour « marquer ce passage au statut d’homme », de les autoriser à fumer.
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Les fabricants rajoutent de l’ammoniac ou d’autres additifs pour s’attacher les fumeurs, et faire en sorte qu’il leur soit très difficile de s’arrêter de fumer.
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La société culpabilise les fumeurs, refuse de « porter le chapeau » et renvoie les individus à leur responsabilité.
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Pourtant l’idée que les fumeurs de cette période ont été empoisonnés n’est pas fausse.
3ème Exemple
La France, pays producteur de vin, accepte 6 000 morts par an sur les routes, alors que l’Angleterre n’en a que 1 700.
- Sujet et Responsabilité.
. Etre le Sujet d’une action, c’est prendre la responsabilité de son acte, c’est à dire accepter de répondre aux autres de son acte.
. Nous estimons non responsable le fou ou l’enfant mineur, et les prenons intégralement en charge.
- Société et Responsabilité.
. Dans le cas du tabac et de l’alcool, la personne ne ressent-elle pas un mal-être qui est le fait de la société ? Comment la société génère-t-elle du mal-être chez ses membres ?
Dans l’occident contemporain : par un individualisme clivant, et séparant les performants et les exclus.
- Nudité et Angoisse : le Mythe de Prométhée.
. La société n’est-elle pas toujours coupable et imparfaite, fondée sur un acte de violence fondatrice ? (cfr. Freud, René Girard, Shakespeare, Sophocle, … )
. Epiméthée, chargé par les dieux de distribuer les qualités et les dons physiques aux êtres vivants, avait donné aux animaux les dons les plus importants : force, rapidité, courage et ruse ; poil, ailes ou coquille, et ainsi de suite.
Il ne lui restait plus d’armes à donner à l’homme quand vint son tour. Pour réparer l’erreur de son frère, Prométhée alla voler aux dieux le secret du feu. (Platon, Le Protagoras)
. Ce mythe nous raconte l’angoisse ressentie par l’humanité lorsqu’elle se réalisa désarmée et en danger face aux autres espèces animales. Il place l’angoisse de mort au cœur de la Condition Humaine.
. Est-il possible ou non, de sortir de cette malédiction de l’angoisse humaine ?
Qui est responsable, les dieux, la nature les hommes ?
. La Civilisation commencerait avec le sédentarisme, qui contient un acte de violence originaire d’appropriation de la terre. Dans une société sédentaire, il y a toujours des peuples en trop : juifs, palestiniens, arméniens, tziganes, nomades.
. La Bible immédiatement après la chute d’Adam et Eve, nous raconte l’histoire fondatrice du meurtre d’Abel (étym. hevel = souffle, non sédentaire, précaire) par Caïn (étym. j’ai acquis, je possède). L’Eternel agrée l’offrande du Nomade, et refuse celle du Sédentaire, ce qui entraine sa jalousie et le meurtre.
- Mort et Transmission.
. Les cellules germinales se transmettent de génération en génération et permettent à l’espèce de se perpétuer ; les cellules somatiques quant à elle, ne durent que le temps de la vie d’un individu.
. Si les corps individuels sont mortels, et les gènes immortels, les corps individuels ne seraient-ils qu’un moyen pour transmettre des éléments spirituels ?
. Face à l’imperfection humaine faut-il continuer à se battre pour un mieux, ou se retirer à l’écart et « cultiver son jardin » ?
- L’épicurisme préconise le retrait et l’acceptation du monde tel qu’il est. Je m’occupe de moi en jouissant de la Vie.
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Pour le Stoïcisme (Marc-Aurèle), « Il faut tendre vers ce qui est utile et bien approprié à la communauté, en conformité avec la raison universelle » (Pensées pour moi-même, Livre VII).
La loi naturelle porte l’exigence naturelle de réaliser le bonheur dans la justice. La vertu ne trouve sa valeur que dans sa réalisation effective, insérée dans le monde ».
. Il y aurait aujourd’hui moins de violence physique, mais plus de personnes s’alcoolisant, se droguant ou se médicamentant ?
. La mort est-elle vraiment subie par l’espèce humaine, ou bien est-elle en partie choisie par elle ?
Toute société humaine chercherait à s’auto-détruire (apocalypse nucléaire, cataclysme écologique) ; et tout organisme (individu, société, cosmos) porterait salutairement en lui sa propre mort, afin de laisser place à un être nouveau et différent.
. Il y aurait un mal nécessaire, inhérent à toute société, consubstantiel à tout système, qui aurait pour fonction de faire place à du neuf, du différent, de l’autre(ment).
Derrière toute extinction (créature, cosmos) il y a toujours une nouvelle forme de Vie qui apparait.
- Juger des actes de l’autre.
. Dans un procès, un juré doit juger « en son âme et conscience ». Nos limites à l’acceptation d’un acte peuvent être ce que nous jugeons mauvais pour l’Humain ; ou ce qui menace notre équilibre psychologique.
. Les animaux mettent à l’écart les animaux malades pour protéger le groupe. Lorsqu’elle condamne un de ses membres, la société humaine fait-elle autre chose que de mettre à l’écart l’Individu qui menace de contaminer le groupe ?
. Bible : « Ne jugez point, afin que vous ne soyez point jugés. Car on vous jugera du jugement dont vous jugez, et l’on vous mesurera avec la mesure dont vous mesurez » (Mathieu 7,1-2).
« Toi donc, qui que tu sois, qui condamnes ces comportements, tu n’as donc aucune excuse, car en jugeant les autres, tu te condamnes toi–même, puisque toi qui les juges, tu te conduis comme eux ». (Romain 1,2)
. L’Humanité entière serait coupable ; ou du moins si elle n’est pas coupable, serait chargée de donner une réponse à sa condition faite de fragilité et d’imperfection = serait « respons-sable ».
- Mort et Transmission.
. Les cellules germinales se transmettent de génération en génération et permettent à l’espèce de se perpétuer ; les cellules somatiques quant à elle, ne durent que le temps de la vie d’un individu.
. Si les corps individuels sont mortels, et les gènes immortels, les corps individuels ne seraient-ils qu’un moyen pour transmettre des éléments spirituels ?
. Face à l’imperfection humaine faut-il continuer à se battre pour un mieux, ou se retirer à l’écart et « cultiver son jardin » ?
- L’épicurisme préconise le retrait et l’acceptation du monde tel qu’il est. Je m’occupe de moi en jouissant de la Vie.
-
Pour le Stoïcisme (Marc-Aurèle), « Il faut tendre vers ce qui est utile et bien approprié à la communauté, en conformité avec la raison universelle » (Pensées pour moi-même, Livre VII).
La loi naturelle porte l’exigence naturelle de réaliser le bonheur dans la justice. La vertu ne trouve sa valeur que dans sa réalisation effective, insérée dans le monde ».
- Questions et réflexions pour séances futures.
. Si les gènes se transmettent pour perpétuer la Vie, que doit-on transmettre comme éléments spirituels ?
. En réaction au pouvoir du catholicisme, les scientifiques occidentaux ont voulu remplacer « l’Intelligence Supérieure » par la Sélection Naturelle (darwinienne).
. Le Néant : dès qu’il y a un observateur du Néant, c’est qu’il n’y a plus de Néant. Le Néant est une vue de l’esprit.